1. Le langage, acteur consolidant du projet En architecture, nous ...

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s'agit de faire apparaître la notion de langage comme acteur consolidant du projet lorsqu'il ... Ainsi, quelle est la nature du lien joignant architecture et langage ?
1. Le langage, acteur consolidant du projet En architecture, nous savons qu’il existe divers modes de conception ou plutôt plusieurs outils pour concevoir comme le dessin, la maquette… Il s’agit de faire apparaître la notion de langage comme acteur consolidant du projet lorsqu’il intervient dans le processus de conception. Ainsi, quelle est la nature du lien joignant architecture et langage ? D’après Patrice Ceccarini1, nous pouvons le définir théoriquement par trois domaines. Le référent/domaine physique qui lie l’idée, ou concept, et l’objet matériel, le phénomène auquel on se réfère. Le signifié/domaine linguistique qui attribut une signification au référent, de l’ordre du champ sémantique. Enfin, le signifiant/domaine mathématique qui amène à une représentation formalisée de la valeur du signifié. L’architecte a pour fin de s’accorder avec les éléments naturels par la transparence de ses actes. Le lien qui permet de joindre la phénoménalité de l’espace à la pensée est donné dans la langue elle-même. Chez l’architecte, l’acte créateur est le lieu d’une fusion entre l’idée, la langue et le dessin. Seule l’interaction du dessin et de langue concourt à la conception d’un bâtiment. Il existe ainsi un passage réel entre le code de la langue et la code du projet. Ainsi, deux choses fondamentales apparaissent dans le processus de conception : le langage commun dit « naturel » et le croquis. C’est là que s’articulent croquis et langage. Le croquis fonctionne comme un graphème auquel on assigne un sens, une valeur sémantique. Ainsi, se construit un système de communication spontané chez l’architecte qui n’a pas conscience de son fonctionnement. En effet, un croquis plus ou moins complexe assume toujours une valeur signifiante. Pourtant, sa « structure » est rarement codifiée de façon volontaire. C’est pourquoi il semble important que les liaisons qui s’établissent entre langage géométrie et matière soient mises en évidence. « L’idéologie directrice concède que l’acte de construire devienne acte d’architecture, que la texture matérielle amorphe – texte déterminé d’encre ou de pierre- devienne un ordre et 1

« Catastrophisme architectural . L’architecture comme sémio-physique de l’espace social», Patrice Ceccarini, Ed. L’Harmattan, 2003

trouve une finalité et parvienne à devenir une « tecture » guidée par un principe. Avant d’infléchir la matière, l’arkhè trouve d’abord son fondement codifié dans le langage. » 2 (p. 100) Ainsi, plus simplement, lors de la réflexion sur un projet, un programme, un site, les dessins produits sont souvent intuitifs, parfois incompréhensibles, apparemment dénués de sens. Ce qui est susceptible de leur rendre leur âme, ce pourquoi ils ont été fait c’est le langage. Dans ce cas précis, le langage se manifeste comme quelque chose d’inconscient. Il a pour effet de rendre transparent ce qui a été produit dans une sorte d’opacité comme le dessin par exemple. C’est ainsi un processus d’élaboration qui vient révéler un sens du dessin ou de la maquette par exemple. En effet, l’acte de dessiner apparaît souvent comme inconscient et c’est notamment par le biais du langage qu’on peut ramener les choses à la conscience. Autrement dit, le dessin est intuitif, le langage le rend présent. Ainsi, le langage serait une forme d’exégèse (étude critique approfondie) du faire, en l’occurrence le dessin ou la maquette. C’est seulement par son intermédiaire que s’offre la possibilité d’un contrôle de la genèse formelle de l’édifice. C’est en ceci qu’il devient acte conceptuel. Il rend signifiant le faire tout en venant fixer des concepts. Le langage est porteur d’une force structurante et signifiante qui en fait un moteur de création. « Le langage pérennise l’objet », « il ne saurait y avoir de vérité sans cette sédimentation, cette thésaurisation que permet la langue »,3 (p.91) Même une fois l’œuvre bâtie, son propre n’est pas dans la matière ellemême mais dans ce qui s’inscrit en elle : les traits de la langue dont les propriétés ont été synthétisées par les catégories de matières, de forme et de contenu. Le langage fait donc partie intégrante de la conception. Il mène nécessairement vers l’abstraction, désincarne la matière, la matérialité de l’objet par la parole et les signes, ce qui est susceptible d’en faire un outil fort. C’est ainsi que l’amalgame de paroles et de dessins forme la base « linguistique » ignorée, l’inconscient de l’architecture. 2 3

Patrice Ceccarini, op. cit. Patrice Ceccarini, op. cit.