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12 févr. 2014 ... Ce sont 6 pièces qui s'enchaînent faisant alterner des passages avec chœur d' enfants seuls, ténor ou soprano enfant seuls et mélange chœur ...
Cours du mercredi 12 février 2014

3) Analyse des extraits au programme : Parties X à XIV bis : 2'18 * Cet extrait se trouve au milieu du recueil. Ce sont 6 pièces qui s’enchaînent faisant alterner des passages avec chœur d’enfants seuls, ténor ou soprano enfant seuls et mélange chœur + solistes. * Textes et leur traduction :

C’est une succession de : - 1 haïku - 1 tanka - 1 haïku - 2 tankas. Ils évoquent l’automne et la mort. * Effectif : Chœur d’enfants divisé en : - 2 pupitres de sopranos (S1 / S2) - 4 pupitres de mezzo-sopranos (MS1 / MS2 / MS3 / MS4 ) - 2 pupitres d’altos (A1/ A2) Ténor soliste Soprano enfant soliste Accordéon Gongs chromatiques Tam-tam

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a) Analyse détaillée des différents numéros -> X et XI Ces deux pièces fonctionnent ensemble. ° n° X = haïku chanté par le chœur d’enfants, il est très court : 5 mesures

- La voix de ténor entre à l’extrême fin (mesure 5) = tuilage avec la pièce suivante - Les enfants sont accompagnés par l’accordéon très en douceur ( = comme un shô japonais) sur une sorte d’accord de fa m avec un sol ajouté (= 4 notes des 8 sons qui seront chantés par les enfants). - Le chœur (= les 6 pupitres) démarre sur un unisson = note sol puis chacune des voix va ajouter un son nouveau en descendant tandis que la voix précédente tient son dernier son. Ainsi à la fin on obtient la superposition de ces 8 sons.

C’est écrit à 6/8 avec un rythme précis mais on a l’impression que chacune des voix va à son rythme. Cela créée une sorte de halo sonore, le temps est comme suspendu, nous sommes comme dans un rêve. T. MACHUEL écrit à ce propos : La partie X débute par « un unisson [qui] se déploie en descendant, recouvrant ainsi l’ensemble de la tessiture, dans la verticalité de la partition, dans le sens d’écriture du bref poème japonais ».

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° XI (tuilage avec la X) = Tanka chanté par le ténor avec accompagnement du chœur d’enfants sur o d’abord, puis sur a - le chœur d’enfants reprend le même principe que dans le n° X mais dans le sens inverse. Chaque voix commence sur sa note d’arrivée (du n° X) et remonte progressivement jusqu’au mi bécarre chanté à l’unisson par les sopranos et les mezzo-sopranos.

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- l’accordéon n’accompagne que sur les 3 premières mesures et les 3 dernières mesures. Il procède de la même manière que le chœur mais de façon inverse. Mesures 1 à 3, les sons disparaissent peu à peu

Puis sur les 3 mesures finales il y a de plus en plus de sons avec un crescendo

- la partie de ténor est seule à chanter des paroles, ce sont celle d’un tanka

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Les deux premiers vers sont chantés et le dernier parlé Cette partie de ténor est écrite : * dans un ambitus relativement large (du do au fa aigu = 11ème) * avec de nombreux intervalles de 4tes et de 5tes, référence au pentatonisme * sur une mélodie ascendante puis descendante -> On note des exemples de figuralismes * sur la syllabe « on… » début du mot « ongaku » (musique en japonais) = point culminant de la mélodie (= fa aigu). * sur le vers « imawa Tawau » = « aujourd’hui, elle ne chante plus » ° le ténor doit parler d’une voix « forte et désespérée » ° il y a de fortes dissonances entre le chœur d’enfant et les notes de l’accordéon ° l’accordéon et le chœur d’enfants sont dans leur tessiture aiguë ° entrée du tam-tam = son lugubre. -> Comme dans la plupart des pièces de MACHUEL, on navigue ici entre la tonalité et la modalité. On est en fa mineur mais avec un mib . Donc, = mode de la sur fa . Un la bécarre, note étrangère à l’harmonie arrive à la fin du n° XI, il annonce le mode qui sera utilisé dans le n° suivant (= 2nd mode de MESSIAEN ½ ton / 1 ton). Cette note arrive sur le mot kakariki (= oiseau japonais) (// Messiaen ?) -> n° XII Ce passage ressemble beaucoup au n°X, comme ce dernier : - il est très court (6mesures) - il est écrit pour le chœur d’enfants + l’accordéon - les enfants chantent un haïku

- il démarre sur un mi aigu ( la dernière note de la pièce précédente) et descend progressivement jusqu’au fa #, chaque voix tenant sa dernière note.

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= halo sonore, temps suspendu A la différence du n° X, ici, nous ne sommes pas en fa mineur mais sur le 2ème mode de MESSIAEN (alternance de ½ ton et de 1 ton).

L’accordéon joue ces 8 sons ensemble au début puis ils disparaissent peu à peu pour finir sur un seul fa b (mi) Le chœur termine sur un glissendo Ce n° XII sonne beaucoup plus agressif que le n°X , c’est : - plus dissonant - la tessiture générale est plus aiguë - cela part de la nuance forte - on part du mi aigu pour descendre au fa# Cela va avec le texte qui évoque la dure condition de l’homme qui est voué à mourir ( « pas chose facile » / « homme ici bas » = descente + glissendo = figuralisme) -> n° XIII Il s’enchaîne en fondu (glissendo) avec le XII Il est écrit pour l’ensemble de l’effectif (ténor + chœur + accordéon + tam-tam) - le ténor chante un tanka évoquant la tristesse après la mort de l’épouse aimée

- le chœur accompagne très en douceur (PP). Chaque pupitre répétant pendant les 6 mesures 2 notes en glissendo sur la lettre n. Cela créé un tapis sonore très léger et mouvant.

- l’accordéon accompagne aussi très en douceur (lointain) et sur une mélodie très aiguë (comme pour faire entendre la voix de la femme provenant de l’Au-delà)

- le tam-tam quant à lui marque la pulsation (mesure à 4/4) comme un battement de cœur lointain (« ma poitrine s’allègerait » ) - La partie de ténor est chantée en falsetto (comme certains personnages du théâtre Nô et évoquant la voix de sa femme). On remarque les nombreuses appogiatures, le

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rythme qui suit parfaitement le texte et les nombreux intervalles de 4tes et de 5tes évoquant le pentatonisme.

- Pendant ces 6 mesures, on reste dans le 2ème mode de MESSIAEN comme pour le n°XII. -> n° XIV - écrit pour une soprano solo (jeune fille du chœur d’enfant) - la mélodie ressemble à celle chantée par le ténor dans le n° XIII (appogiatures, rythme fluide suivant le rythme du texte, 4tes et 5tes fréquentes…). C’est comme une réponse au XIII - la soprano chante un tanka

- cette pièce doit sonner « irréel » comme c’est indiqué sur la partition C’est pourquoi T. MACHUEL a préféré choisir une voix de soprano, à la place du ténor car selon le compositeur « l’auteur semble [l’]avoir écrit en se parlant à luimême, face à son miroir ». Il évoque la fin de vie du poète. La voix de soprano enfant, c'est comme un voix d'ange. - les gongs accompagnent avec une cellule cyclique se décalant par rapport à la mesure. Cet accompagnement sonne très asiatique (// le gamelan). Ce n’est pas pentatonique car il y a 6 notes, mais cela y fait penser.

A partir de la mesure 5, des silences sont intégrés progressivement à la cellule rythmique

- l’accordéon accompagne en trémolo sur un accord dissonant dans l’aigu pour accentuer cette atmosphère irréelle - Cette pièce utilise toujours le 2ème mode de MESSIAEN mais amputé de 2 notes (le mib et le réb)

-> n° XIV bis (tuilage avec la XIV) Cette pièce est un mélange des textes du XIII et du XIV avec la 1ère phrase du X - effectif au complet : chœur / ténor / gongs et accordéon - chœur : les sopranos reprennent la mélodie de la soprano solo du n°XIV Les mezzo-sopranos et les altos accompagnent avec un contrechant en 4tes parallèles et ostinato rythmique sur le 1er vers de la pièce X. « tada tanome » = sois rassuré

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- le ténor chante le solo de la pièce XIII - les gongs reprennent le motif cyclique de la pièce XIV mais en diminution rythmique (= 2 fois plus vite)

- l’accordéon joue une mélodie en tierce sur un accord pédale de fa# majeur. Il énonce ainsi toutes les notes du 2ème mode de MESSIAEN dans sa totalité.

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